Louise, un des visages d'Octobre Rose

08/10/23

Louise, un des visages d'Octobre Rose

C'est un véritable rayon de soleil qui est entré dans le Café, ce vendredi de septembre. À mesure de notre échange, j'ai rencontré une femme amoureuse de la vie malgré les défis, d'une générosité rare. Mère et amie dévouée, professionnelle engagée, Louise reçoit le diagnostic de cancer du sein en août 2022.

Rencontre avec une femme inspirante.

 

Qui est la femme, qui est Louise?

"Je suis originaire de la campagne et ce n'est qu'au moment de mes études collégiales que j'ai emménagé à Montréal. Mon enfance a été simple et modeste, avec un père agriculteur et une mère enseignante. Des parents aimants qui nous ont toujours encouragés à aller loin dans la vie.

Même si les gens de mon milieu étaient peu scolarisés, j'ai toujours eu cette soif insatiable d'apprendre. Cela m'a d'ailleurs menée à étudier en philosophie à l'université. Avant cela, j'avais une fascination pour les sciences de la santé. Avec le temps, ma curiosité s'est également portée sur des domaines tels que l'écologie, la paléontologie, et l'anthropologie. Comprendre nos origines, découvrir d'où vient l'être humain, cela a toujours été crucial pour moi.

Mon parcours professionnel m'a vue passer 35 années en tant qu'enseignante, principalement en philosophie. Ce n'était pas toujours facile d'engager des étudiants dans une matière qui ne les intéressait pas naturellement. J'ai donc dû adapter et innover constamment dans ma manière d'enseigner.

Sur le plan personnel, je suis devenue mère tardivement, à 41 ans. Par choix. Un an et demi après la naissance de notre fille Béatrice, son père et moi, nous nous sommes séparés. Malgré tout, nous avons réussi à mettre en place un système de garde partagée plutôt unique, où nous vivions tous les deux dans le même triplex. J'adore ma fille et me sens privilégiée de notre relation.

Après la séparation, j'ai compris l'importance d'avoir un filet de sécurité, j'ai donc décidé de retourner sur les bancs de l'université. J'ai entrepris une maîtrise en orientation professionnelle, car je sentais le besoin d'avoir un "plan B" au cas où je perdrais mon poste d'enseignante. Aujourd'hui, je suis officiellement à la retraite de l'enseignement.. mais je continue de travailler à temps partiel pour aider les jeunes dans l’orientation de leur projet de vie, j'aime vraiment ce que je fais! 

 

 

À quel moment le CHUM est entré dans ta vie? 

Le 18 août 2022, j'ai reçu ce fameux diagnostic et je m'en souviendrai toute ma vie. Mais revenons quelques mois en arrière et à ce qui m'a poussée à consulter. Bien que je n'aie jamais eu de problème de santé majeur, j'ai toujours été hypervigilante. Cette prudence vient du fait que mes deux parents sont décédés du cancer à un jeune âge. Dans ma famille, c'est une réalité, le cancer existe. Mon père est décédé en un an à l'âge de 56 ans, et ma mère en six mois à 67 ans. Leurs expériences avec la chimiothérapie ont été particulièrement difficiles, pour eux comme pour moi d'ailleurs. Les accompagner a été une épreuve majeure ; je continue évidemment de penser à eux et je sais qu'ils sont à mes côtés.

Un soir, alors que je faisais mes examens de routine, j'ai ressenti une douleur dans mon sein droit. En me palpant, j'ai senti une masse évidente que je n'avais jamais sentie auparavant. Tu te doutes bien que cela n'a pas été la meilleure nuit de ma vie. Alarmée, j'ai pris rendez-vous avec mon médecin. Puis, mammographie et échographie s'en sont suivies. Les premiers résultats étaient incertains, mais après une biopsie, la réalité m'a frappée : j'avais une tumeur cancéreuse de 5,5 cm. C’est alors que j’ai été prise en charge au CHUM par l’excellente équipe du Dr Younan, que j’ai bien aimé d’ailleurs!

Comment es-tu parvenue à l'annoncer à tes proches?

 

L'annonce de cette nouvelle à ma famille et à mes amis a été le moment le plus difficile. Informer ma fille a été particulièrement éprouvant, car en tant que parent, on souhaite toujours protéger ses enfants des mauvaises nouvelles.

Lorsque le traitement a commencé, la chimiothérapie a été une épreuve et une étape que j'appréhendais particulièrement de par les souvenirs de mes parents il y a quelques années. Bien que finalement j'aie été épargnée des nausées et des vomissements, j'ai souffert de plusieurs effets secondaires, notamment une bouche sèche et douloureuse, du mal dans tout le système digestif, une grande fatigue et une baisse importante de ma pression sanguine. J'ai même dû recevoir une transfusion à cause d'une chute de mes globules rouges.

Si le chemin me paraissait encore long, j'étais déterminée à affronter cette épreuve. La présence et le soutien de ma fille, ma sœur, mon frère et de ma famille élargie et mes amis ont été tellement importants pour moi dans tout ce processus.

 

 

Au quotidien, comment la maladie a changé ta vie?

Lorsque mes traitements ont débuté et malgré les défis, j'ai continué à travailler. C'était ma manière de m'occuper l'esprit, de me forcer à me distraire et de ne pas rester chez moi, toujours allongée sur le divan à ruminer sur ma condition. La maladie, c'est oppressant, surtout quand on est constamment rappelé à son état par des douleurs ou des changements physiques. 

Je me souviens de l'impact qu'a eu la perte de mes cheveux sur mon moral. C'était plus qu'une simple perte physique ; c'était une attaque directe à mon image, une partie de moi que j'avais toujours chérie. J'avais de beaux cheveux auparavant, et les perdre m'a fait réaliser à quel point cette maladie change tout. Heureusement, j'ai été introduite à la Fondation Virage, où j'ai rencontré Betty, onco-esthéticienne, tellement empathique et positive. Elle m'a aidée à choisir des perruques et des bonnets pour couvrir ma tête. Ça m'allait quand même bien finalement!

Chaque étape de mon traitement était documentée sur mon téléphone, me rappelant  chaque procédure, chaque rendez-vous. Tout cela semblait tellement surréaliste. Mais, je fais confiance à la science. Je crois en la recherche médicale, même s’il faut traverser les traitements qui sont plus douloureux que la maladie elle-même.

Un autre défi que j’ai dû rencontrer a été la garde de ma petite chienne de 14 ans, Lili. Elle était devenue une charge trop lourde pour moi. Malgré le fait que je l'aimais beaucoup, la gérer avec ma santé fragile devenait de plus en plus difficile. Une solution miracle s'est présentée sous la forme d'une adoption gériatrique! Ce concept est incroyable. Une dame âgée l'a adoptée, et maintenant Lili file une sorte de retraite de luxe dans un cadre incroyable à Westmount, c'est drôle!

Quel rapport à ton corps as-tu maintenant?

Le 10 février 2022, je terminais mes traitements. Puis est venue la chirurgie, qui a duré trois heures pour retirer une tumeur qui avait beaucoup diminué. On a aussi fait une reconstruction durant l'opération. Cette chirurgie était stressante, mais s’est bien déroulée. J'ai évité de me regarder au début. Mais au fil du temps, j'ai commencé à accepter mon nouveau corps. J'ai passé quelques jours chez ma sœur après l'opération, car je ne pouvais pas tout faire moi-même. Au final, je suis contente du résultat, même si j'ai encore quelques douleurs.

J'ai aussi bénéficié de séances de drainage lymphatique au Centre Se Reconstruire. Je recommande vraiment ce genre de traitement quand le corps est prêt. Cela m'a beaucoup aidée.

Comment tu te sens aujourd'hui?

Je vais très bien, je me sens même comme en « renaissance », c’est pourquoi j'ai choisi de donner à mon tour. J'ai commencé à faire du bénévolat en radio-oncologie après avoir terminé mes traitements. Le bénévolat que je fais est une source d'épanouissement pour moi. J'aime aider les gens et partager mon expérience avec eux, car je sais à quel point cela peut être réconfortant pour ceux qui traversent des moments similaires. Je suis très entourée et j'ai renoué avec une ancienne passion : le dessin. Dessiner et colorier ont été des sources de réconfort. Pour mon plus grand bonheur. 

Je me sens bien et suis actuellement sous hormonothérapie, cela me provoque des douleurs osseuses mais le tout reste tolérable. Je dois suivre ce traitement pendant cinq ans. Cette médication me cause également des bouffées de chaleur, que je n'avais pas vraiment ressenties même à ma ménopause (rires). Mes cheveux ont repoussé après la chimio, et bien que j'aie eu l'habitude de les colorer, je vois maintenant ma couleur naturelle et j'aime ça! La maladie a été une expérience extrêmement puissante. C’est comme si la mort et la vie s’entremêlent. À chaque jour, on avance à petits pas. On ne sait pas comment ça va évoluer. Je reconnais ma chance d'avoir une certaine maturité avec mes 66 ans, ce qui m'a probablement aidée à affronter cette épreuve avec plus de résilience, comparé à des femmes plus jeunes. J'encourage fortement l'auto-palpation évidemment, car c'est grâce à cela que j'ai eu mon signal et que tout a commencé. 

As-tu un mot de la fin?

La vie est remplie d’imprévus, bons et mauvais. Il est important d'accepter ce qui vient, d'apprendre de chaque expérience et de continuer à avancer. On ne prévoit pas grand-chose dans la vie, les événements les plus incroyables peuvent nous arriver, mais par ce cancer, j’ai eu l’impression de déjouer un peu mon destin!

Références mentionnées lors de notre entrevue

Acheter le savon et soutenir la Fondation Virage

Fondation Virage 

Devenir patient partenaire au Centre Hospitalier Universitaire de Montréal 

Centre Se Reconstruire

Statistiques officiels concernant le Cancer du Sein

Guide pour l'autopalpation

 

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